Les bibliothécaires ont aimé
Au fort de Cape Coast sur la côte de l’Or, il arrivait que des jeunes femmes noires soient forcées d’épouser des marchands d’esclaves anglais pour sceller des accords commerciaux. Dans les cachots de ce même fort, des centaines d’autres femmes étaient parquées avant d’être embarquées pour l’Amérique comme esclaves.
Telles furent les destinées de Effia et Esi. Et ainsi débute ce livre : 14 chapitres, 14 romans courts comme interrompus, 14 portraits de personnages tracés avec force en quelques pages, fils, filles, petites filles... de l’une des deux demi-sœurs Effia et Esi.
Avec un rythme qui donne au lecteur cette sensation du temps qui passe, inéluctable, Yaa Gyasi alterne d’une lignée à l’autre, sur sept générations, entre l’Afrique et l’Amérique pour nous raconter l’esclavage, la naissance du Ghana, les plaies du commerce triangulaire, la ségrégation. Et retisser des liens familiaux qui avaient été rompus.
Un livre magnifique dont on ne sort pas indemne.
Catherine
Deux ans après "La Sauvage", Jenni Fagan, écrivaine écossaise, nous offre un livre à l'univers à la fois plus rude et plus doux. Dans un camp de caravanes au fin fond de l'Ecosse, alors que le monde plonge dans une ère glaciaire, Constance, sa fille Stella, ex-petit garçon et Dylan qui trimballe les cendres de ses mère et grand-mère dans des tupperwares, se débrouillent.
Dans un paysage blanc de fin du monde, des femmes fortes, des hommes doux et un peu de douceur, de bonheur même, distillé goutte à goutte ... au lecteur.
Catherine
Dans la salle de bal de l'hôpîtal psychiatrique de Sharston, chaque vendredi soir, les patients, hommes et femmes, se rencontrent et dansent.
Espace étonnant de liberté au sein d'un établissemnt où les méthodes rappellent tristement "Vol au-dessus d'un nid de coucou" et où souffle dangereusement les vents de l'eugénisme en ce début du XXème siècle.
Magnifiquement ancré dans les paysages du Yorkshire et de l'Irlande, ce roman social très réaliste interroge sur la folie mais nous emporte aussi dans une belle histoire d'amour.
Catherine
Bravo les lapins !
Les aventures de Hazel, Fyveer et Bigwig… ou l’histoire d’une bande de lapins qui quittent leur terrier natal pour fuir une catastrophe imminente et partent chercher une terre plus accueillante quelque part dans les collines anglaises.
A la façon d’une épopée, ce roman d’aventures où prédateurs et tribus ennemies ne manquent pas, nous immerge dans la nature, le monde des lapins et leurs comportements et au détour d’une page nous fait réfléchir à la mode « lapin » sur un modèle de société idéale.
Très distrayant. Partez gambader !
Catherine
Le père de Hisham Matar a disparu dans les geôles de Khadafi entre 1990 et 2011.
Récit poignant d’une enquête acharnée et difficile sur sa disparition, ce livre raconte aussi la détresse et la méditation d’un fils autour de la figure du père absent.
« The return », le retour, mentionnait le titre original. Car sa quête passe par un retour dans le passé, vers son enfance, l’histoire familiale et l’histoire de la Lybie du XXe siècle et par un voyage au pays natal, ses paysages, sa lumière.
Le chemin parcouru aux côtés de l’auteur, le temps d’un livre, n’est pas dénué d’émotion.
Catherine
Bondrée, station estivale et familiale sur un lac, dans une forêt qui bruit encore de vieilles histoires inquiétantes parlant de pièges et d'un trappeur qui s'est pendu - ambiance des sixties, sur fond de morceaux de Beatles mais où des jeunes filles trop belles et un peu insolentes disparaissent mystérieusement.
Le récit envoûtant d'Andrée Michaud, doublé de celui d'un policier désabusé et d'une jeune adolescente qui va grandir trop vite nous emmène dans un roman hors genre entre le roman noir, le thriller d'atmosphère et les souvenirs d'enfance.
Une pépite où la langue québecoise qui alterne avec les expressions anglaises et que l'on entend littéralement chanter, n'est pas pour rien dans le plaisir du lecteur.
Catherine
Dans des décors sauvages, voire de fin du monde, conséquences possibles de catastrophes climatiques, elles luttent pour leur survie, ou plutôt pour faire quelque chose de leur vie.
Elles sont seules et leur solitude les rend magnifiques, comme l'écriture de Marie Redonnet, rythmée, toute en phrases courtes, en mots répétés, en une prose lancinante.
Ces trois courts romans réunis dans un recueil et d'une force croissante sont une découverte.
Catherine
Trois récits de femmes- trois morceaux de vie- trois brèves histoires d'amour. Bâtardes de mère en fille, elles racontent leur histoire et au travers de celle-ci se reprécise celle de leur mère. Se dessine aussi peu à peu un quatrième visage , de la mère, grand-mère et arrière grand-mère, peut-être la personnalité la plus belle, mais elles le sont toutes à leur façon ainsi que ce roman superbement construit qui nous offre une fenêtre sur l'Histoire de la Tchécoslovaquie.
Catherine
ceci est mon livre et je l'écris de ma propre main.
Ainsi commence l'histoire d'une jeune fille de 15 ans vivant en 1831 dans la campagne anglaise du Dorset. Une vie de misère, le départ du milieu familial pour un emploi chez un pasteur et sa femme où elle découvre plus de douceur et de bienveillance et une ouverture sur le monde de l'écrit.
Le franc-parler de la narratrice, sa simplicité et sa jeunesse, sa fougue, parfois son humour si bien restitués dans l'écriture de ce récit nous séduisent et retardent le moment où nous en mesurons sa dimension tragique. Lumineux!
Catherine
Il était une fois une jeune fille modeste qui n'avait jamais eu beaucoup de chance dans la vie. C'était à Harbin, capitale de la Mandchourie, une ville dont on découvre l'Histoire.
Dans cette Chine du Grand Nord, glacée mais où les fleurs sont omniprésentes, même si elles sont parfois de givre, l'auteur nous raconte une histoire triste avec tant de délicatesse que seule nous reste une impression d'une infinie douceur.
Catherine